lundi 24 avril 2017

Tu nous as demandé d'aimer notre prochain

César (1921-1998), Compression de mobylettes, 1970

Seigneur, Tu nous as demandé d'aimer notre prochain
et même nos ennemis, nos bourreaux, nos exécuteurs
Nous devons prier pour eux, imiter l'amour divin

Toutefois les humains de Ton temps ne s'étaient pas encore transmués en leurres
en êtres évidés de leur cerveau moelle sang, inconscients de leur absence
à eux-mêmes, crétinisés, mutants cybernétisés immolateurs

Impossible d'aimer un cyborg dressé, Seigneur cela n'a pas de sens
Subir sa dictature suscite une sainte colère comme quand Toi Tu chassais
les marchands du Temple - encore qu'eux gardaient intacte l'humaine substance

Nous, le crabe a croqué notre intellect, pris notre âme dans ses rets
D'image de Toi nous voilà devenus un genre métalloïde
dévastateur, barbare, aveugle au dernier degré, fou pour de vrai

Seigneur, que peut-on éprouver envers ce creux monstre androïde
sinon une sainte horreur, du dégoût, une sainte colère lucide

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