César (1921-1998), Compression de mobylettes, 1970
Seigneur, Tu nous as demandé d'aimer notre prochain
et même nos ennemis, nos bourreaux, nos exécuteurs
Nous devons prier pour eux, imiter l'amour divin
Toutefois les humains de Ton temps ne s'étaient pas encore transmués en leurres
en êtres évidés de leur cerveau moelle sang, inconscients de leur absence
à eux-mêmes, crétinisés, mutants cybernétisés immolateurs
Impossible d'aimer un cyborg dressé, Seigneur cela n'a pas de sens
Subir sa dictature suscite une sainte colère comme quand Toi Tu chassais
les marchands du Temple - encore qu'eux gardaient intacte l'humaine substance
Nous, le crabe a croqué notre intellect, pris notre âme dans ses rets
D'image de Toi nous voilà devenus un genre métalloïde
dévastateur, barbare, aveugle au dernier degré, fou pour de vrai
Seigneur, que peut-on éprouver envers ce creux monstre androïde
sinon une sainte horreur, du dégoût, une sainte colère lucide
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire